Éditeur(s) : Glénat 2013
Auteurs : Bollée et Nicloux
Auteurs : Bollée et Nicloux
Le récit vrai de la naissance de l'Australie ! Une des plus incroyables odyssées humaines de l'’Histoire a eu lieu il y a un peu plus de 220 ans. Environ 1 500 hommes et femmes ont été déportés, entassés à bord de 11 navires, parcourant plus de 24 000 km sur trois océans. Ils étaient des bagnards, des forçats, des condamnés... le rebut de l’'Angleterre ! On les a envoyés à l'’autre bout du monde, dans un pays qui n’'existait pas encore. Aller sans retour vers l’'enfer ou chance inespérée d’'une nouvelle vie ? Plus rien ne sera comme avant autour de ce nouveau monde, issu d’'une terre ancestrale que les habitants d’'origine appelaient Bandaiyan... Laurent-Frédéric Bollée livre ici son From Hell, une œï¿½uvre magistrale de plus de 500 pages dessinées avec brio au l'avis par Philippe Nicloux. Une création sans précédent dans l'’histoire de la bande dessinée française et internationale.
Avis BDGest : Cinq ans de travail, cinq cents pages et presque deux kilos. Un pavé, au sens propre comme au figuré, un projet ambitieux pour conter le long voyage qui aboutit à la fondation de l'Australie. 1784, la Terra Australis n'est un point lointain sur une carte ramenée par le navigateur Cook. Après une introduction mettant en scène un brutal rituel de passage aborigène, l'histoire file à Londres, métropole crasse, à la misère endémique et aux prisons surpeuplées. La rumeur parle d'un voyage de La Pérouse, prêt à s'emparer de ces terres des antipodes. La colonisation s'impose comme une évidence, afin de couper l'herbe sous le pied de l'ennemi héréditaire et de se débarrasser du surplus de gibier de potence qui encombre les geôles britanniques. Le récit se fait chronique sociale en s'attachant à suivre quelques destinées broyées par un système judiciaire absurde et arbitraire. John Hudson, neuf ans, qui au bout de trois jours sans pain vole de quoi lui permettre de manger : sept ans de bagne par clémence du juge. Caesar, colossal esclave américain qui s'est battu dans le camps anglais, rapatrié après la défaite et qui, en guise de lauriers, n'a récolté qu'une maigre et provisoire liberté. Et puis des figurants parmi tous les autres, six cents hommes et cent quatre vingt femmes, salauds et victimes regroupés par une justice aveugle dans un même huis clos. Un violeur d'enfant, une fille qui a volé un mouchoir, assassin, miséreux, fille-mère et prostituée, tous sous la coupe de soldats brutaux comme le major Ross ou compatissants comme le prude Ralph Clark, lieutenant épris de son épouse restée au pays. Par dessus tout cela, la figure paternelle du futur gouverneur Phillip, officier de marine à la carrière laborieuse, qui va tenter de propager la pensée des Lumières par delà les mers. Un anti-Cortés, un homme qui a pour projet la miséricorde et la cohabitation. Trois ans de préparatifs, neuf mois de voyage, le décompte des morts et des naissances s�égrène au fil de la traversée. Les rencontres, les amours, les tensions et mutineries forment une formidable épopée dans la pure tradition marine. Et avec l'amarrage à Botany Bay, puis à Port Jackson, c'est un troisième volume qui s'ouvre sur la découverte d'une faune et d'une flore exotique et le contact avec l'Autre. Si le lavis gris donne le ton de la morne capitale européenne et du terrible voyage, le lecteur qui a en tête les somptueux paysages australiens se prend à espérer quelques planches flamboyantes pour célébrer l'arrivée au bout du monde. Il s'en passera devant le tour de force de certaines cases comme le survol des ports et des baies arborées, les voiliers pris dans la tempête ou la beauté animale des naturels qui s'extirpe du papier pour devenir plus que palpable. Le livre se referme sur l'évocation du futur à travers le personnage de Bennelong, un continent colonisé et ses premiers habitants voués aujourd'hui encore à l'alcoolisme et à la destruction. La dernière splendeur des « ab origine » avant la déchéance. Terra Australis, la naissance d'un pays, la mort d'un monde. Trois livres en un. En un seul mot : sublime. Et un seul désir, celui de rêver à une suite.