» Article de 09.04.2020 » page 6

La dictature des identités - Laurent Dubreuil

Bienvenue dans le monde de la politique d'identité, qui, d'Amérique jusqu'ici, est en passe de devenir notre horizon commun. Selon la bonne nouvelle identitaire répandue chaque seconde par le brouhaha de la communication et le babil des "réseaux sociaux" , nous agissons, vivons et pensons en tant que catégories, au besoin croisées (par exemple homme blanc juif, LGTBQ) et volontiers blessées. Comme le révèle son expérience américaine et préfiguratrice, qui diffuse à partir du foyer des universités, la politique d'identité conforte l'avènement d'un despotisme démocratisé, où le pouvoir autoritaire n'est plus entre les seules mains du tyran, du Parti ou de l'État, mais à la portée d'êtres manufacturés et interconnectés que traversent des types de désirs totalitaires. Cet ordre mondialisé est une dictature moralisatrice qui distribue les prébendes en fonction du même, qui remplace le dialogue par le soliloque plaintif et la vocifération, qui interdit, qui censure l'inattendu - dont les arts - au nom du déjà-dit et des comme-nous. Malgré son succès grandissant, une telle entreprise peut encore être défaite, à condition, du moins, d'en vouloir comprendre les manifestations contemporaines.



Intentions - Oscar Wilde

En 1891, c'est-à-dire l'année même où il fait paraître, précédé d'une préface qui résume ses théories esthétiques, Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde, sous le titre d'Intentions, rassemble quatre études critiques : » Le Déclin du mensonge « , » Plume, pinceaux, poison « , » La critique est un art » et » La Vérité des masques « . Le recueil a sans doute souffert de sa trop grande proximité avec les formules si frappantes que propose la préface du Portrait. S'il mérite cependant d'être aujourd'hui redécouvert, c'est qu'Oscar Wilde y renouvelle l'esthétique de son époque, en prenant aussi bien pour cible la respectabilité victorienne qu'une modernité étriquée. En refusant l'alliance de l'art et de la morale et la superposition du Bien et du Beau, il nous propose une pensée de la transgression qui ne s'interdit ni le brillant du paradoxe, ni le mordant du polémique.



Les Chants du large - Emma Hooper

Une formidable histoire de départs, de traversées et de légendes, le tout porté par l'écriture poétique et mélodieuse d'Emma Hooper.

Du haut de ses onze ans, à travers le brouillard, le vent et la pluie, Finn compte les bateaux de pêche, de moins en moins nombreux à Big Running, son village natal situé sur une île du fin fond du Canada. Il n'y a plus de poissons à pêcher, donc plus de travail. Peu à peu, les maisons se vident et les habitants quittent l'île.

Le jour où ses parents se retrouvent obligés de travailler un mois sur deux, chacun leur tour, dans l'Alberta, Finn est inquiet. Sa vie, telle qu'il l'a toujours connue, risque d'être à jamais bouleversée. Alors quand sa soeur elle-même, après avoir repeint toutes les maisons abandonnées de l'île aux couleurs de différents pays, finit par partir, il décide que c'en est trop. Avec les caribous, le lichen et le vent comme seuls compagnons, il échafaude un plan fabuleux pour sauver à la fois sa famille et son île.



Brunetti en trois actes - Donna Leon

Brunetti en plein cœur de l'opéra vénitien à La Fenice ! Accompagné de son épouse Paola à la Fenice, Brunetti assiste à la Tosca, avec la diva Flavia Petrelli sur scène. Le spectacle, grandiose, s'achève par une pluie de roses jaunes tandis que Flavia est ovationnée. Mais des centaines d'autres roses jaunes attendent la soprano dans sa loge. Et en rentrant chez elle, elle trouve un nouveau bouquet sur le pas de sa porte. Un admirateur secret la gratifie ainsi de ces fleurs depuis plusieurs mois, de Saint-Pétersbourg à Londres, d'Amsterdam à Venise, et Flavia commence à s'inquiéter de ces signes d'adoration excessifs...



L'eau qui passe - Franck Maubert

"Certains jours de chaleur, à la vue des herbes brûlées sous le soleil, ou dans les arbres dépouillés du coeur de l'hiver, dans les eaux scellées, je sens monter en moi quelque chose de déchirant, un sentiment de solitude. Alors, il peut m'arriver de parler aux poissons privés de parole. Je ne quitterai donc pas cette enfance, cette grande maison de l'enfance. Comme autrefois, je pourrais danser sous le cerisier. Juste précipiter le temps. Attendre. Attendre comme j'attendais qu'Irmina rentre du Paraclet. Attendre comme j'attendrai longtemps un père qui n'est jamais venu. Attendre comme j'attendais la visite de ma mère".


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