» Article de Aout 2020 Année » page 535

Ilovo Diamanti - Peuplecratie: La métamorphose de nos démocraties

La dynamique conquérante des populismes, particulièrement en Europe, est le symptôme d'un problème démocratique. Elle reflète ce phénomène considérable de l'antipolitique qui est à la fois le rejet de toute politique et l'aspiration à une autre forme de régime.

Après l'ère de la démocratie des partis et des parlements au sortir de la guerre, puis au tournant du siècle, la démocratie du public, marquée par le déclin des cultures politiques traditionnelles, le recul des grands partis et la personnalisation du pouvoir, sa présidentialisation et sa médiatisation, nous entrons dans une nouvelle ère, qu'IIvo Diamanti et Marc Lazar appellent la « peuplecratie ».

La peuplecratie résulte d'un double processus. D'une part, l'ascension des mouvements et partis populistes ; de l'autre, par effet de contamination, la modification des fondements de nos démocraties. Les populistes sacralisent le peuple souverain dans le même temps où ils s'attaquent aux représentants politiques et se livrent à une critique radicale des formes institutionnelles organisant cette même souveraineté populaire. Le peuple est systématiquement valorisé en tant qu'entité homogène, porteur de vérité et considéré comme fondamentalement bon, par opposition aux élites supposées sans racines nationales. Cet antagonisme, à l'heure de la prise immédiate de parole numérique, donne une nouvelle vigueur et une tout autre dimension à la vieille idée de l'expression directe, voire référendaire, de l'opinion vraie des 'vraies gens'. Ainsi est altérée la signification de la démocratie en tendant à récuser la représentation et les contre-pouvoirs ; ainsi est favorisée la montée en puissance des figures, pour le moins autoritaires, de l'incarnation.

Cet ouvrage, qui a eu en Italie un formidable écho, réfléchit à partir de la France et de l'Italie à l'émergence sous nos yeux de la peuplecratie.



Tahar Ben Jelloun - Douleur et lumière du monde


« Vivre : habiter la lumière de l'enfance / Résister : ne jamais s'habituer à la douleur du monde ». Témoin fidèle de son époque, Tahar Ben Jelloun observe et écoute le monde. Avec justesse, il en capte les turbulences et les souffrances. Avec douceur, il en recueille le merveilleux et la lumière. De la récente tragédie d'Imlil (l'assassinat dans le Haut Atlas de deux jeunes touristes originaires des pays nordiques) aux lumineux souvenirs de l'enfance, en passant par la liberté qu'offre la peinture ou par l'évocation des parfums du marché d'Aligre, Tahar Ben Jelloun dévoile dans ce recueil sa vision du monde contemporain dans toute sa richesse et sa complexité. Poésie du monde et de l'humanité, du mystère et de la lumière, elle nous saisit par sa vérité, se fait sentinelle - et, plus que jamais, essentielle.



Edith Sheffer - Les Enfants d'Asperger


Qui fut vraiment le Pr Hans Asperger dont le nom passé dans le langage courant qualifie aujourd'hui un syndrome autistique ? L'historienne américaine Edith Scheffer a découvert la véritable histoire du psychiatre après la naissance de son enfant autiste. Et ce qu'elle apprend la glace d'effroi. Le « gentil docteur » dépeint comme une sorte de Schindler des autistes a menti, et c'est un tableau bien différent qu'en dressent les archives. Les preuves ne manquent pas, elles sont accablantes.

En 1938, professeur à l'hôpital pédiatrique de Vienne, Asperger compte parmi les psychiatres appelés à façonner le nouvel Allemand selon des critères eugéniques : sélectionner les parents d'après leur hérédité, leurs défauts biologiques mais aussi leurs tendances politiques, leur religion. Les conséquences sont réelles : on refuse des crédits aux « mal mariés », on stérilise les « mauvais » géniteurs. Et parmi les enfants autistes dont il est un spécialiste reconnu, Asperger identifie les « négatifs » et les « positifs » à l'intelligence détonante qui auront alors une chance d'échapper au tri macabre.

Aux États-Unis, l'enquête d'Edith Sheffer a bouleversé et conduit à débaptiser le syndrome autistique. En France, cette histoire dramatique, encore méconnue, risque bien de susciter autant d'émotions.



Bertrand Le Gendre - Bourguiba


Sans Habib Bourguiba, la Tunisie ne serait pas, à l'orée de 2019, la seule démocratie du monde arabe. Oriental occidentalisé, musulman nourri des Lumières, il a conduit son pays à l'indépendance et l'a ouvert sur le monde moderne. Il croyait à l'éducation de tous et à l'émancipation de la femme musulmane.

À peine parvenu au pouvoir en 1956, il interdit la polygamie, la répudiation et les mariages prononcés sans le consentement de l'épouse. Ce « code du statut personnel », imposé à une société imprégnée des valeurs du Coran, est d'une audace folle pour l'époque, et le reste aujourd'hui. Au fil des années cependant, cet élan réformiste a cédé la place à un autoritarisme confus aggravé par la maladie.

Telles sont les ombres et les lumières du « siècle de Bourguiba » qui s'étend de 1903, date officielle de sa naissance, à 2000, l'année où il s'éteint, treize ans après avoir été écarté du pouvoir par Ben Ali.

Basée sur les archives françaises et tunisiennes ainsi que sur de nombreux entretiens avec ceux qui l'ont côtoyé, cette biographie témoigne de la place unique que le Combattant suprême occupe dans l'histoire du colonialisme et du post-colonialisme. Portrait d'un homme, de ses mérites et de ses défaillances, elle retrace l'histoire d'une nation en devenir dont il fut le grand architecte.

Journaliste et essayiste, Bertrand Le Gendre a été rédacteur en chef au Monde et professeur associé à l'université Panthéon-Assas Paris-II. Il est notamment l'auteur de 1962, l'année prodigieuse (Denoël, 2012), Flaubert (Perrin, 2013), De Gaulle et Mauriac : le dialogue oublié (Fayard, 2015).



Bret Easton Ellis - White


Que raconte White, première expérience de » non-fiction » pour Bret Easton Ellis ? Tout et rien. » Tout dire sur rien et ne rien dire surtout » pourrait être la formule impossible, à la Warhol, susceptible de condenser ce livre, d'en exprimer les contradictions, d'en camoufler les intentions. White est aussi ironique que Moins que zéro, aussi glaçant qu'American Psycho, aussi menaçant que Glamorama, aussi labyrinthique que Lunar Park, aussi implacable que Suite(s) impériale(s). Loin des clichés toujours mieux partagés, plus masqué que jamais, Bret Easton Ellis poursuit son analyse décapante des États-Unis d'Amérique, d'une façon, comme il le dit lui-même, » ludique et provocatrice, réelle et fausse, facile à lire et difficile à déchiffrer, et, chose tout à fait importante, à ne pas prendre trop au sérieux « .

Que raconte White en ayant l'air à la fois de toucher à tout et de ne rien dire ? Peut-être que le fil à suivre est celui du curieux destin d'American Psycho, roman d'horreur en 1991 métamorphosé en comédie musicale à Broadway vingt-cinq ans plus tard. Ellis a dit autrefois : » Patrick Bateman, c'est moi. » Il ne le dit plus. Et si Patrick Bateman était devenu président ?
P.G.


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