Le Texas par la queue" (1965) continue la veine humoristique de "1275 âmes" (1964) sur un mode moins grotesque. C'est encore une fois l'histoire d'un petit escroc, mais au contraire des héros de "Une combine en or" et "Les Arnaqueurs", Mitch Corley est un personnage attachant, un Lazarillo Tormes contemporain qui rappelle aussi le "Mister Cory" de Blake Edwards... Dans ce roman, Thompson arrive à un accord avec la culture du Texas, culture si différente de celle des autres 49 états, et avec laquelle l'écrivain avait toujours eu des rapports ambigus. En décrivant avec minutie la vie de Fort Worth, de Houston, de Dallas, il oublie pour une fois ses propres tourments et prend plaisir à nous raconter une histoire remplie d'humour décontracté..." (Geoffrey O'Brien, Polar n° 27)"

Les égratignures des ongles de Moody sur le bras de Cutler sont profondes et saignent encore. Elles le brûlent et il voudrait les gratter. Il n'en fait rien. Il a enfilé une chemise de flanelle écossaise afin de les dissimuler au médecin qui se trouve à quatre pattes aux côtés du corps de Moody, étendu sur le sol entre le lit et le mur. Le tube à oxygène est enroulé autour du bras de Moody. L'élastique n'est plus tendu autour de sa tête. La bouteille d'oxygène s'est renversée. Cutler n'oubliera jamais le regard de Moody lorsqu'il a pressé l'oreiller sur son visage. Il ne savait pas alors que ce n'était que le début d'une pente douce qui le mènerait plus bas qu'il n'aurait jamais osé l'imaginer. Le roman le plus noir de Joseph Hansen.

Une combine en or est un roman dans la veine froide et brutale de Nuit de fureur ou de Un chouette petit lot. Toddy Kent ne se distingue guère des autres anti-héros de Thompson, avec son goût pour les petites escroqueries qui semble provenir non pas tellement d'une rapacité quelconque mais plutôt d'une impulsion vers l'autopunition. Sa dégradation est exacerbée par une femme alcoolique et abusive, la même femme-putain qui reviendra si souvent. Pour le reste, il y a la description incisive d'un trafic d'or, un bref et violent séjour au Mexique, et - pour la bonne mesure - un chien qui parle. (Geoffrey O'Brien, Les Thompson inédits ; Polar, n°27)