Fils de pape, cardinal à dix-sept ans, capitaine général de l'Église, duc de Valentinois en 1498, puis duc de Romagne en 1501, César Borgia
(1475-1507) fut l'incarnation pour Machiavel du prince idéal de la Renaissance, dissimulant avec art ses desseins, mais ne craignant jamais de
fouler aux pieds tout ce qui s'opposait à lui. Des plaisirs de la chair dans l'enceinte même du Vatican à ceux de la chasse, des actes de
gouvernement réfléchis aux pires exactions sur les populations, des alliances monnayées avec le corps de sa sœur Lucrèce aux assassinats
des proches encombrants, cette vie ne fut qu'excès. Sa mort fut misérable. Pourchassé par ses ennemis après la disparition de son père et
protecteur, abandonné par ses anciens alliés, César s'éteint piteusement lors d'un siège en Espagne. Il a trente-deux ans. À travers la vie
mouvementée du Valentinois, c'est toute la Rome des Borgia qui revit sous nos yeux, cette Rome licencieuse où les princes de l'Église
s'abandonnent à la luxure et à la dépravation, pendant que le Tibre vomit les cadavres des gêneurs. Un enivrant parfum de scandale et de
poison.