Que faire des enfants de l'immigration coloniale et postcoloniale ? L'école doit-elle adapter ses programmes à leur présence ? La question de l'
articulation entre l'universalisme républicain et la pluralité culturelle a toujours travaillé l'institution scolaire, mais elle s'est reconfigurée ces
quarante dernières années pour répondre aux débats sur l'immigration et la mémoire coloniale. Que faire des héritages d'une histoire
douloureuse pour les uns, glorieuse pour les autres, méconnue de beaucoup ? À partir des archives de l'Éducation nationale, mais aussi des
textes officiels et des manuels scolaires, Laurence De Cock retrace les débats qui ont agité l'enseignement de l'histoire de la colonisation
depuis les années 1980. En analysant la confection des programmes d'histoire, elle interroge l'influence des débats publics sur leur écriture et
montre combien le passé colonial, progressivement saisi par le politique, bouscule en profondeur la fabrique scolaire de l'histoire. Pour un
enseignement qui a toujours eu comme finalité de contribuer à l'intégration sociale, les nouvelles demandes de reconnaissance des enfants et
petits-enfants d'immigrés sont un facteur de reconfiguration de la discipline historique et des finalités de l'école républicaine.