Deux cents ans ont passé. La Révolution n'est plus taboue. Le temps est venu de faire la synthèse des travaux qui permettent d'évaluer son coût, et celui de son épilogue impérial : coût en hommes, en territoires, en trésors artistiques, en termes d'industrie, d'agriculture, de commerce, de finance. Libre à chacun d'émettre, sur l'événement, un jugement subjectif et sentimental. Mais on a le droit et les moyens d'en estimer les bienfaits et les méfaits, d'en chiffrer les profits et les pertes. Combien de morts sur les champs de bataille, ou sur l'échafaud, combien de kilomètres carrés de territoires gagnés ou cédés, combien de chefs-d'œuvre réalisés ou détruits, combien d'années de retard subies sur le terrain industriel ou commercial, quels déboires monétaires, quels déficits financiers imposés à la France et aux Français ? Et puis, la France est-elle réellement devenue la patrie des droits de l'homme, de la liberté, de la fraternité et de l'égalité ? En confrontant la France de 1789 avec celle de 1815, René Sédillot, économiste de formation, historien de vocation, auteur de tant d'ouvrages remarquables, propose, non pas le survol d'un quart de siècle tourmenté, mais son solde comptable humain, juridique, culturel, économique, social. Avec l'esprit libre et dans le style clair qu'on lui connaît, il dresse un bilan sans se soucier des légendes et des conventions.