Il n'y a rien devant.
La forêt et les collines, loin loin loin, et c'est tout. Ils ont laissé la voie ferrée derrière eux et sont partis vers la gauche, dans les plaines. Ils suivent les courbes molles du relief au milieu de rien. Pas de chemin ou de route, quelques arbres tordus, des ordures éparses, et de la terre aux herbes sombres pleine de pierres creuses qui craquent sous leurs semelles.
Une heure passe. Ou Deux.
La lune dans sa phase descendante éclaire le décor comme un projecteur malade. Les ombres sont longues et fantomatiques, froides, diffuses. Francis s'écoute souffler, penser, le raclement de ses souliers sur le sol le berce comme un tic-tac éraillé. Il dort debout, laisse sa pensée le promener, pense à hier, à demain, se demande pourquoi ce satané gamin a besoin de se cacher sous un sac à patate. Il doit vraiment avoir une sale tronche.