Il y a un paradoxe de la mécanique quantique : voilà une théorie considérable de la physique contemporaine dont on est bien en peine de dire sur quoi elle porte et ce qu'elle signifie, car cela même ne va pas de soi. Le but de ce livre est de tenter d'élucider ce paradoxe.
Pour cela, il convient de refaire table rase. Dans un premier temps, l'auteur entend n'appuyer sa construction que sur les certitudes tacites et les normes qui conditionnent la vie, la communication, et le travail au laboratoire. Car, remarque Wittgenstein, lorsque je procède à une expérimentation, je ne doute pas de l'existence de l'appareillage que j'ai sous les yeux ; j'ai une masse de doutes, mais non celui-là .
Cette façon de reconduire l'oeuvre théorique aux gestes élémentaires du chercheur doit cependant éviter de n'aboutir qu'à un empirisme dénué de sens (Einstein). L'ouvrage apporte deux sortes de réponses à une telle critique. D'une part, on s'aperçoit que la forme de la théorie, loin d'être conditionnée par la seule nécessité de sauver les phénomènes , reflète de manière contraignante les conditions de possibilité d'un certain mode très général d'anticipation et d'objectivation des résultats expérimentaux. La quantification et les effets ondulatoires apparaissent pouvoir découler de ces conditions. D'autre part, si la référence, l'acte de visée vers un au-delà des manipulations instrumentales, ont été bloqués dans un premier temps, ce n'était que pour mieux dégager les critères du choix qui peut être effectué dans un deuxième temps entre plusieurs représentations de l'objet supposé de la physique quantique.