Voilà un ouvrage dont la couverture et le titre laissent entendre qu'il est de Kant. En réalité, sur les 140 pages qui le constituent, 40 (117 à 139) sont de l'auteur désigné ! Le reste ? Une préface de Dominique Lecourt et une "introduction" de plus de 100 pages de Jocelyn Benoist accompagnée d'un texte de Fichte.
Si nous en faisons état, c'est que malgré toutes les apparences (des textes d'auteurs du 18ème siècle), il aborde des préoccupations semblables à celles exprimées dans bon nombre d'ouvrages paraissant actuellement, à savoir : comment définir un livre et son propriétaire (car l'auteur autant que l'éditeur et que le propriétaire d'un exemplaire ont droit à dire : c'est mon livre) ? en quoi le livre, qu'on le considère comme un "message" ou comme l'instrument de sa diffusion, se distingue-t-il des autres produits de l'industrie humaine ? Et surtout, surtout, qu'advient-il de cet objet (et des droits de chacun) quand se multiplient des techniques qui en modifient radicalement les modes de diffusion et de reproduction ?
Ainsi, qu'il s'agisse de la réflexion de deux philosophes allemands du siècle des Lumières ou de l'analyse des problèmes contemporains de Jocelyn Benoist, l'objectif est le même : déterminer les statuts juridiques des différents artisans de cet objet singulier et définir la propriété littéraire (notion "moderne" comme celle d'auteur et c'est la première fois, sous la plume de Kant qu'apparaît cette idée que le livre étant le rapport purement intellectuel d'une intelligence, celle de l'auteur, à celle du public, il est une exception au régime ordinaire de la propriété ).