Gérard Mordillat - Notre part des ténèbres
La nuit du 31 décembre, Gary et les autres membres de l'atelier de recherche mécanique de Mondial Laser, une entreprise de pointe vendue à l'Inde par un fonds spéculatif américain, prennent possession d'un navire de luxe, le Nausicaa. A bord, les actionnaires du fonds et leurs invités célèbrent au champagne une année de bénéfices records. Tandis que la fête bat son plein - bal masqué, orchestre, caviar - le Nausicaa est détourné. Il met cap au nord, vers la mer de Norvège, le Spitzberg, à la quête des grandes tempêtes d'hiver. Gary, Suz, Dargone, Doc, Amos, Maximilienne dite Maxi, Kiki, Isabelle, Jacqueline, Moïra... et cent autres de Mondial Laser veulent contraindre ceux pour qui ils n'étaient que des chiffres à connaître eux aussi le froid, les vagues en furie, la solitude, l'abandon... Dès lors, tout s'inverse. Ceux qui étaient condamnés à l'incertitude, à la précarité, à l'angoisse du lendemain, deviennent seuls maîtres à bord. La peur change de côté...
Extrait :
"Il neige sur le port du Havre. De la neige sur la mer un 31 décembre...
Ciel de larmes blanches, brûlantes, serties de brumes froides. Bouffées de vent méchant, dernier souffle d'un guerrier blessé qui expire avec l'an nouveau mais ne renonce pas au combat. Et, dominant cette nuit de promesses mortes sitôt prononcées, d'élans mystiques, de sacrifices païens, la masse minérale du Nausicaa, pan de montagne noire amarré au quai Pierre-Callet, face au large.
Un géant illuminé au pied duquel s'agitent les ombres laborieuses du lamanage..."