Peignant, Arpad Szenes ajoute une matière à la toile et pourtant, l'opération achevée, il a ôté. Il n'a pas peint sur ou devant la toile, il a ouvert une profondeur en elle qui nous communique le degré de subtilité de son regard. // Árpád Szenes est un peintre non figuratif français d'origine hongroise, appartenant à la nouvelle École de Paris, né le 6 mai 1897 à Budapest et mort à Paris le 16 janvier 1985. Szenes et Maria Elena Vieira da Silva, qui se sont rencontrés à Paris en 1928 et mariés en 1930, forment l'un des plus célèbres couples de peintres de l'art contemporain. Une fondation réunit à Lisbonne (Portugal) leurs deux noms et leurs deux œuvres. Szenes pensait que « les peintres vivent peut-être vieux parce qu'ils font un métier non violent et contemplatif. Il faut vivre longtemps pour avoir le temps de faire beaucoup de bêtises et quelques chefs-d'œuvre. »
Ces blancs, gris, ocres pâles qui semblent issus d'un toucher plus que d'une volonté obstinée de dire ou de faire éprouver avec des couleurs, ces horizontales que n'arrêtent pas les limites latérales, ces éléments difficiles à nommer dérivés des rêves ou des moments bienheureux d'absence au réel, éléments qui volent ou émergent d'eaux invisibles mais si évidemment sensibles, cette douceur assortie de lenteur, l'arrêt qu'elle suscite, c'est la peinture d'Arpad Szenes dans le monde d'aujourd'hui. Contemporaine et hors du temps, à la fois intérieure à qui est attentif à elle et souverainement extérieure, à des distances infinies, délivrée.