C'est un livre écrit à mille mains, fruit de centaines de rencontres, de témoignages, de conversations, vibrant de mille peurs et autant d'espoirs. Un livre où résonnent des dizaines et des dizaines de voix, de femmes pour la plupart, presque toujours inquiètes, souvent désespérées...
Mais Le Choeur des femmes est d'abord un formidable roman qui assume avec panache son choix du feuilleton - la fin totalement rocambolesque est tout de même un peu difficile à avaler, sauf à être lue au second degré. On dévore les pages, les innombrables histoires qui la composent, les mille et un rebondissements qui en rendent la lecture addictive. On en savoure surtout la langue et les dialogues, le travail sur l'oralité, la justesse du ton et des voix, la singulière vitalité d'une prose qui parle, pleure, chante, s'enflamme, crie et passe sans crier gare par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Composé façon comédie musicale, avec solos, duos, polyphonies et même quelques textes de chansons, ce Choeur des femmes en a incontestablement le charme et l'allant. (Michel Abescat - Télérama du 23 septembre 2009)
Depuis la Maladie de Sachs, la grande réussite de Winckler, de ce point de vue, n'est pas d'avoir raconté la médecine en littérature (le thème est vieux) mais d'avoir révélé le romanesque de la parole souffrante. Comme le dit le héros du Choeur des femmes,«on ne peut pas soigner les hommes et les femmes en partant du principe qu'ils mentent». Le corps n'est pas un fait, mais une histoire, et si le patient ne ment pas, en revanche il fictionne, comme le médecin, ce qu'on peut rappeler à l'un et à l'autre...
Choeur des femmes est une mine de renseignement sur le corps féminin, la contraception et, plus encore, sur l'écoute des patients. Il milite aussi contre la «normalisation chirurgicale» des bébés intersexués, c'est-à-dire «dont les organes génitaux ne sont pas "conformes" aux canons médicaux». (Eric Loret - Libération du 1er octobre 2009)
A travers son expérience de praticien et les nombreux échanges avec les internautes qui visitent son site Internet, Martin Winckler a glané une foule d'histoires et de détails sur ce qui se dit ou ne se dit pas dans le huis clos de la consultation. La plupart de ces situations témoignent éloquemment du vécu, des attentes et du poids qui pèsent sur les femmes, de génération en génération. Ils disent aussi l'inaptitude de la plupart des médecins à y répondre. Prolongeant cette riche matière humaine, Martin Winckler défend une autre médecine où le respect de l'individu est une vertu cardinale. "On ne peut pas soigner les hommes et les femmes en partant du principe qu'ils mentent !", s'emporte le docteur Karma. On ne peut que souscrire à son combat. (Le Monde du 6 novembre 2009)