Elle s'appelle TifAni FaNelli, elle a 28 ans, elle est une journaliste promise à un brillant avenir professionnel et à un mariage plus éclatant encore lorsque s'ouvre le livre. On craint, l'espace de quelques pages, un spécimen plus ou moins trash de chick lit (littérature à l'eau de rose), mais la direction qu'emprunte le monologue de la jeune femme dément bientôt cette impression. Le récit oscille entre la vie présente d'Ani et, douze ans auparavant, son adolescence traumatique. La sociologie ferait son miel des thèmes que soulève American Girl (le viol, l'éducation, l'état du féminisme, la résilience. ). Jessica Knoll choisit de les incarner dans un personnage ni attrayant ni charmeur, mais plutôt âpre et, pour cela, captivant. En mars dernier, Jessica Knoll a raconté l'origine autobiographique de son roman ainsi : « Comme Ani, je me sens parfois comme une poupée mécanique. Tournez ma clé, et je vous dirai ce que vous voulez entendre. Je sourirai au bon moment. Ma colère est inodore, incolore et insipide. Elle est complètement toxique. »