Le RILMA est un programme d'histoire de l'art fondé sur une recherche collective, international et interdisciplinaire. Le noyau en est constitué par la collection des volumes du Corpus, dans laquelle sont présentés, reproduits dans leur intégralité, et commentés, les cycles d'illustrations des oevres de la littérature du Moyen Âge, tous domaines confondus. Dans une perspective plus large, les colloques de RILMA confrontent les enluminures à tous les autres champs de la création artistique, et examinant leur place dans l'histoire culturelle du Moyen Âge. Le RILMA est un projet de recherche qui a été retenu par l'Institut Universitaire de France, dans le cadre de la chaire d'iconographie médiévale.
La pensée, les oeuvres et la culture du Moyen Âge utilisent intensément la conception proprement théologique de l'allégorie, procédure exégétique appelée dès les mots de saint Paul, Quae sunt per allegoriam dicta ( Epître aux Galates 4, 24 ), et qui fonde le passage du sens littéral au sens spirituel; mais aussi celle plus littéraire et héritée de la rhétorique antique, et qui enrichit les récits de métaphores continuées; la première se voulant fondée sur la Révélation et mise en relation de deux niveaux de réalités, la seconde sur le plan humain et liée à l'imagination des hommes. Dans le domaine de l'art médiéval, l'allégorie est un procédé fondamental, que l'on ne peut pas examiner hors de sa relation à l'allégorie des exégètes comme à l'allégorie des poètes, mais qui ne peut leur être simplement assimilé, et qui connaît des formes et des règles spécifiques. Le ( Allegoria est alieniloquium ), selon la formule fameuse d'Isidore de Séville , est bien une dimension centrale des oeuvres d'art médiévales.
Dans une approche pluridisciplinaire, et faisant une large place aux rappels des historiens de l'exégèse et de ceux de la littérature, le colloque a permis de brasser et d'analyser un matériau essentiel sur les formes de l'allégorie dans l'art médiéval, sur les significations mais aussi le fonctionnement de ces oeuvres, sur les moyens par lesquels elles nous permettent ou non d'identifier une allégorie, et sur les mutations qui les affectent, des époques préromanes au début du XVIe siècle. De l'Occident au monde byzantin, de l'architecture aux manuscrits enluminés, aux retables, à la tapisserie ou aux sceaux, des traités de spiritualité aux textes littéraires ou juridiques, des bestiaires à la musique, la magie ou l'emblématique princière, les contributions réunies renouvellent profondément notre connaissance de thèmes majeurs de l'iconographie médiévale.