Critique de l'économie politique classique : Marx, Menger et l'Ecole historique allemande
Dix ans et une crise économique majeure après sa première publication (aux PUF), le présent ouvrage revient, dans une version revue et augmentée, sur l'urgence d'interroger les sources des critiques du libéralisme afin d'évaluer la pertinence des attaques qui sont portées contre lui. L'appareil conceptuel des matrices des théories critiques est en effet ressaisi au seuil de l'ère industrielle naissante au XIXe ?siècle? : en voyant les pensées marxiste, historiciste, utilitariste (marginaliste) de l'espace continental germanophone prendre l'économie politique classique britannique pour cible, on lit les premiers actes d'un procès dont les attendus n'ont pas encore été tous rendus à l'heure actuelle. Même si la discipline économique a depuis longtemps écarté la « valeur-travail » ou la « monnaie, voile?des échanges réels », il demeure en discussion des principes méthodologiques (atomisme, rôle de l'homo economicus) et des positions pratiques (qui étaient favorables au libre-échangisme, dans l'école de Manchester, ou à la puissance continentale, dans la Nationalökonomie). A l'origine de ces débats se tenaient Marx, Menger et les représentants de l'École historique allemande, opposés au dogme des héritiers de Smith, Ricardo, Say et Mill. « Juste salaire », « valeur-utilité subjective » et « économie du peuple » (Volkswirtschaftslehre) fondèrent les matrices alternatives au classicisme. Leurs échecs patents et leurs potentialités latentes marquèrent la marche de leur siècle, du suivant et orientent encore le nôtre. Si l'économie politique classique appartient sans doute à l'histoire de la pensée économique, si le philosophe a le goût du passé, c'est pour mieux comprendre le présent, et ces matrices critiques fournissent dès lors l'aune à laquelle juger des discours redevenus d'actualité.
Gilles Campagnolo, ancien élève de l'ENS (Ulm), des universités de Harvard et de Tokyo, agrégé, docteur et habilité en philosophie, est directeur de recherches au CNRS (GREQAM/Aix-Marseille sciences économiques). Il dirige un programme européen avec l'Asie orientale sur le libéralisme contemporain (LIBEAC) et poursuit par ailleurs l'édition française des ouvres de Carl Menger. Ses publications portent sur les domaines de l'herméneutique de la rationalité économique, de la théorie de l'entrepreneur et de l'histoire des pensées allemande et autrichienne en philosophie et en économie.
Préfaces de Bernard Bourgeois (président de l'Académie des sciences morales et politiques) et de Bertram Schefold (Goethe-Universität, Francfort/Main). Postface de Jean-François Kervégan (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne & Institut Universitaire de France).