Ce livre d'entretiens entre Jean Douchet et Joël Magny a plus d'un intérêt pour les lecteurs férus de cinéma ou pas. D'abord, il permet de comprendre ce qu'était la cinéphilie, les théories, les points de discorde entre les différentes chapelles (Cahiers du cinéma versus Positif), ensuite de prendre connaissance du parcours de l'homme, de ses rencontres (celle avec Hitchcock, qui le reçoit à Hollywood comme un pacha, est amusante), de ses rares inimitiés (Jacques Rivette l' "ascète" » intolérant contre Douchet l'"épicurien" doublé d'un "sybarite" ). Enfin le dernier chapitre, "Six films pour le plaisir", met en action sa méthode analytique à travers des films de cinéastes marquant son itinéraire (Kenji Mizoguchi, Fritz Lang, John Ford, Carl Dreyer, Jean Renoir, Jean-Luc Godard) : « La vraie critique a toujours consisté à rechercher le véritable sens, par les moyens qui sont les effets et les effets qui sont l'écriture. »
Né en 1929, Jean Douchet entre aux Cahiers du cinéma en 1957. Directeur des études à l'Idhec de 1976 à 1978, puis enseignant à la Fémis, il anime depuis des années un cinéclub hebdomadaire à la Cinémathèque française. On lui doit plusieurs films (Le Mannequin de Belleville, 1962), courts métrages et documentaires, ainsi que des ouvrages de référence sur Hitchcock et sur la Nouvelle Vague.