Insomniaque, sous le choc d'un diagnostic médical alarmant, Franz Ritter, musicologue viennois épris d'Orient, fuit sa longue nuit solitaire dans les souvenirs d'une vie de voyages, d'étude et d'émerveillements.
Nuit mélancolique et mélodieuse, sur un motif de fugue à deux voix puisque entrelaçant le fil de son attachement pour le grand est (Alep, Palmyre, Damas, Istanbul, Beyrouth, mais aussi l'Iran et le désert), avec celui de sa grande histoire avec Sarah - la passionnée des fous d'Orient - que Franz se raconte, comme pour la réinventer mieux qu'il n'a su la vivre. Tissée de destinations lointaines et de rencontres marquantes au fil de destins voyageurs - séjours universitaires ou archéologiques, débats historiques ou philologiques -, cette histoire est celle d'une main tendue, d'un désir pur de mélanges et de découvertes que l'actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l'âme blessée des personnages comme il traverse le livre.
Voyage autour d'une chambre, panorama d'un double amour impossible, d'un double rendez-vous manqué, Boussole est le témoignage d'une rencontre déterminante, de métissages profonds et d'infernales folies - l'inventaire amoureux de l'incroyable apport de l'Orient à la culture et à l'identité occidentales. Sur le pouvoir et les impuissances de la fascination, sur la solitude de l'esthète et l'élusive préservation des traces, l'auteur de Zone orchestre une quête éperdue et délibérée de l'autre en soi et s'y montre vertigineux d'érudition, irrésistible de mélancolie et déchirant de lucidité.