Le narrateur est originaire de Siom, dans le haut Limousin. Des années soixante au début du nouveau millénaire, il assiste à la fin du monde rural dans lequel il est né, à la disparition des tournures et expressions qui sont le vêtement d'apparat des langues, à la mort des grandes familles, à commencer par le clan Bugeaud. Lui-même finit par perdre l'accent limousin, ne parlant plus patois que dans ses songes ou pour jurer. Un monde ancien s'est éteint, monde de rites et de traditions, monde vernaculaire aux maisons sombres et aux greniers labyrinthiques, monde de terre, de paysans et de saisons, monde témoin de deux conflits mondiaux et de l'entre-deux-guerres, monde de maquisards et de superstitions.
"Le temps est la somme des images présentes, passées et à venir entre lesquelles nous cherchons un visage et ne rencontrons désespérément que le nôtre. Nous sommes des ombres qui tentent d'épuiser dans la chair la peur qu'elles ont d'elles-mêmes, la voix, les langues, les textes n'étant que l'ombre portée du temps sur la terre où nous attendons de mourir, ayant trouvé dans le temps ce que nous réclamons à autrui, à la musique, aux grands récits : que le temps passe d'une autre façon, qu'il nous oublie, qu'il cesse de nous faire naître à chaque instant ( . )". On ne rend rien à la terre, pas même ses rêves. Voix de la nostalgie rurale, profondément attaché aux valeurs du terroir, Richard Millet offre ici l'un de ses romans les plus denses et les plus éclatants.
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