Si Graham Greene a été acclamé pour ses romans, il fut un nouvelliste tout aussi virtuose. Ses nouvelles, écrites entre 1929 et 1990, ont été publiées dans divers recueils - «Un certain sens du réel,» «Pouvez-vous nous prêter votre mari ?,» «Seize nouvelles» - et à la suite de certains de ses romans, mais n'avaient jamais été réunies en une seule édition. La collection «Pavillons Poche» les rassemble donc pour la première fois en deux volumes, et les présente par ordre chronologique. Cette édition compte également les nouvelles inédites parues dans la collection «Bouquins» en 2011 dans La Chaise vide et autres récits inédits. Dans ces quelque cinquante-deux textes, pareils à des instantanés photographiques collectés dans un album, Greene offre un tableau cynique et réaliste de la société qui l'entoure. Les sentiments humains y sont disséqués et décrits avec un humour féroce et parfois nostalgique. Trahison, obsession, ardeur, fantastique, rêve, peur, pitié, violence, déchéance... tels sont les nombreux thèmes abordés. Dans la nouvelle qui donne son titre au premier volume, il est question de déchéance sociale. M. Lever, vendeur de machines à la retraite, très appauvri par la crise financière, accepte dans son désespoir une dernière commission qui l'amène en Afrique à la recherche d'un certain Davidson. Alors qu'il menait autrefois une vie confortable, le héros remet désormais entièrement son sort entre les mains de cet inconnu, à l'autre bout du monde. Dans «L'homme qui vola la tour Eiffel,» qui donne son titre au second recueil (à paraître en octobre 2013), Greene montre la superficialité des hommes et leur indifférence à l'égard de ce qui les entoure : un homme, passionné par la tour Eiffel, la vole durant quelque jours pour l'emmener faire un tour à la campagne. Or, personne ne remarque l'absence du monument.
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