Ça commence sur une plage d�été, bondée, du temps où on y allait en foule, avec ses criailleries, sa torpeur d�ennui trompé en masse. Tout va bien, comme toujours. Vers six heures, deux coups de vent � les ballons qui s�envolent, les piquets et fanions qui sifflent, les nappes des paillotes qui se soulèvent. Et puis, rien. Deux heures plus tard, c�est la Rafale. Tout le sable soulevé. Jusqu�au dessus de la falaise d�immeubles d�été, jusqu�aux parkings et routes où fuiront, après le souffle qui a tout aspiré, les marées de voitures en panique. Dans les bars, les rues, les halls d�hôtels, les gens se sont engouffrés, n�entendant même pas que leurs cris ne résonnaient plus qu�en eux. C�était comme un écho qui aurait siphonné le son, se dira-t-on plus tard. Et certains, les uns partis vers les dunes et d�autres enfuis dans une villa abandonnée, sont assez loin de tout ça pour remarquer que le ciel paraît se tendre inexorablement, lisse, en rideau peu à peu tiré vers un fond qui là-haut s�éclaire jusqu�à l�aube, comme si apparaissait l�espace derrière� derrière le ciel, pour le dire à l�humaine. Pendant ce temps, bien sûr, les êtres continuent leurs petites intrigues ; mais, dépassés, ne comprenant rien à « ce qui arrive », ils communiquent et perçoivent comme jamais.