Où tout cela va-t-il donc quand nous mourons, tout ce que nous avons été ? Quand je songe à ceux que nous avons aimés et perdus, je m'identifie à un promeneur errant à la tombée de la nuit dans un parc peuplé de statues sans yeux. L'air autour de moi bruisse d'absences. Je pense aux yeux bruns et humides de Mme Gray et à leurs minuscules éclats dorés. Quand on faisait l'amour, ils viraient de l'ambre à la terre d'ombre puis à une nuance de bronze opaque. Si on avait de la musique, disait-elle dans la maison Cotter, on pourrait danser. Elle-même chantait, tout le temps, et toujours faux, « La veuve joyeuse », « L'homme qui fait sauter la banque », « Les roses de Picardie », et un machin sur une alouette, alouette, dont elle ne connaissait pas les paroles et qu'elle ne pouvait que fredonner, complètement faux.
Ces choses que nous partagions, celles-là et une myriade d'autres, elles demeurent, mais que deviendront-elles lorsque je serai parti, moi qui suis leur dépositaire, le seul à même de préserver leur mémoire ?
Qu'est-ce qui sépare la mémoire de l'imagination ? Cette question hante Alex alors qu'il se remémore son premier - peut-être son unique - amour, Mme Gray, la mère de son meilleur ami d'adolescence.
Pourquoi ces souvenirs resurgissent-ils maintenant, à cinquante ans de distance, se télescopant avec ceux de la mort de sa fille, Cass, dix ans plus tôt ? Un grand Banville, troublant et sensuel, sur la façon dont les jeux du temps malmènent le cœur humain.
« Un nouveau roman étourdissant [...] avec toute la grâce et l'aplomb que l'on attend de cet auteur. » The Independent
« L'auteur de La Mer est un artiste nabokovien. Sa prose est si riche, poétique et pleine d'images bouleversantes que sa lecture est une activité lente, majestueuse, délicieuse, qui doit être savourée.» The Independent on Sunday
« Incroyablement brillant. » Sunday Telegraph
« John Banville est le maître absolu de son art.» Literary Review