En cette fin d'après-midi, l'épaisse pollution n'a pas eu tout à fait raison de l'éclat du crépuscule. Une douceur rose survit et se répand. Jeanne lui avait dit souvent la beauté des soirs d'été, la lumière qui décline, le rouge diffus qui se cache dans les nuages et s'étire dans leur souvenir. Bulle buvait les paroles, et jalousait. Car jamais elle n'avait pu contempler ce spectacle. Parce que ces soirs-là n'existaient plus, ils étaient obstrués. Le "secret des affaires' les avait étouffés. "
Paris, 2050. Bulle découvre, catastrophée, qu'elle est enceinte. Autour d'elle, le monde est un naufrage. Sous des dômes, les plus riches se calfeutrent, ignorant les misérables qui se débattent au-dehors, rendus inutiles par l'automatisation. Le chômage a atteint 70%, la violence envahit les rues. Les plus dociles gobent leur Exilnox, les yeux voilés par des implants connectés. Sur les holordis, les murs, partout, brillent les pubs et les flashs info anxiogènes. Alors un enfant, là-dedans... Pourtant le garder, c'est refuser de se résigner. Avec une poignée de hackers, Bulle choisit la lutte.
C'est bien de notre époque dont il est question dans ce roman. Aussi acide et apocalyptique que lumineux et optimiste, il est une célébration du libre arbitre.