» Article de 20.08.2017 » page 19


Delacorta - Rock


Sur un riff de guitare implacablement balancé par Sitting Bull Plastic paraît Lola Black. La star n°1 du heavy métal. Silhouette nerveuse, féline, électrifiée qui erre dans la nuit percée d'incandescences. Assassinée, enlevée, retirée du monde pour communier avec le grand esprit de la forêt? Nul ne le sait. Alba et Serge Gorodish suivent sa trace, d'autant plus qu'il y a du fric à toucher : 1 million de dollars...

Entre néo-polar et hard boiled, l'auteur nous transporte sur un ciment basique connu mais solide. L'ambiance générale et son style nous rappelle ses comparses de l'époque, Manchette, Fajardie et consorts. Son intrigue à la recherche de la diva du métal, façon Nina Hagen, direct et sans ambages démontre aussi que l'auteur possédait cette science de l'écriture tout terrain!

Daniel Odier, né le 17 mai 1945 à Genève en Suisse, est un écrivain, poète, romancier et essayiste suisse, également promoteur du shivaïsme cachemirien. Il a aussi publié des romans policiers sous son patronyme et sous le pseudonyme Delacorta.





GORZ André - Misères du présent Richesse du possible

« Il faut apprendre à discerner les chances non réalisées qui sommeillent dans les replis du présent. Il faut vouloir s'emparer de ces chances, s'emparer de ce qui change. Il faut oser rompre avec cette société qui meurt et qui ne renaîtra plus. Il faut oser l'Exode. Il faut ne rien attendre des traitements symptomatiques de la "crise", car il n'y a plus de crise : un nouveau système s'est mis en place qui abolit massivement le "travail". Il restaure les pires formes de domination, d'asservissement, d'exploitation en contraignant tous à se battre contre tous pour obtenir ce "travail" qu'il abolit. Ce n'est pas cette abolition qu'il faut lui reprocher : c'est de prétendre perpétuer comme obligation, comme norme, comme fondement irremplaçable des droits et de la dignité de tous ce même "travail" dont il abolit les normes, la dignité et l'accessibilité. Il faut oser vouloir l'Exode de la "société de travail" : elle n'existe plus et ne reviendra pas. Il faut vouloir la mort de cette société qui agonise afin qu'une autre puisse naître sur ses décombres. Il faut apprendre à distinguer les contours de cette société autre derrière les résistances, les dysfonctionnements, les impasses dont est fait le présent. Il faut que le "travail" perde sa centralité dans la conscience, la pensée, l'imagination de tous : il faut apprendre à porter sur lui un regard différent ; ne plus le penser comme ce qu'on a ou n'a pas, mais comme ce que nous faisons. Il faut oser vouloir nous réapproprier le travail. » A. G.





GORZ André - Stratégie ouvrière et néocapitalisme

Sommes-nous devenus trop riches pour le socialisme ?
Le néocapitalisme est-il capable de satisfaire les besoins au point d'émousser la combativité des travailleurs, voire de mettre le mouvement ouvrier en crise?
Non. Aux formes extrêmes de la misère, le développement du capitalisme "opulent" a substitué une pauvreté qui est fonction des besoins nouveaux, comparables dans leur urgence aux carences anciennes, pour peu qu'on les éclaire. S'il y a crise du mouvement ouvrier, c'est dans la mesure seulement où il lui faut élargir et renouveler ses modes et ses objectifs de lutte.
Quels sont ces nouveaux besoins, dans lesquels s'enracine la nécessité du socialisme ? A quels niveaux faut-il engager la lutte pour éviter les impasses et affirmer pleinement le rôle de la classe ouvrière?
André Gorz esquisse ici une stratégie ouvrière qui oppose au capital ses solutions positives partout où l'exigence des hommes est en conflit avec celle du profit : au niveau des entreprises, des régions, du modèle de consommation et de vie, du modèle de civilisation et de culture...





[img]http://d3sdoylwcs36el.cloudfront.net/Homo-ludens-Johan-Huizinga-200.jpg?__SQUARESPACE_CACHEVERSION=1348154621615[/img]


Si le nom d'Homo sapiens ne convient pas très bien à notre espèce parce que nous ne sommes pas tellement raisonnables, si celui d'homo faber nous définit encore moins bien, car faber peut qualifier maint animal, ne pourrait-on pas ajouter à ces termes celui d'homo ludens, «homme qui joue»? C'est ce que propose Johan Huizinga (1872-1945), historien néerlandais ayant acquis une stature internationale, grâce à l'ouverture de sa discipline à la vision anthropologique.
Dans cet essai, il montre que le jeu est un facteur fondamental de tout ce qui se produit au monde. Le jeu comme une action libre, sentie comme fictive et située en dehors de la vie courante, capable néanmoins d'absorber totalement le joueur - une action dénuée de tout intérêt matériel et de toute utilité, qui s'accomplit en un temps et dans un espace expressément circonscrits, se déroule avec ordre selon des règles données, dans une ambiance de ravissement et d'enthousiasme, et suscite, dans la vie, des relations de groupes s'entourant volontiers de mystère en accentuant par le déguisement leur étrangeté vis-à-vis du monde habituel. Johan Huizinga montre la présence extrêmement active et féconde de ce jeu dans l'avènement de toutes les grandes formes de la vie collective : culte, poésie, musique et danse, sagesse et science, droit, combat et guerre.




JONAS Hans - Le principe responsabilité


Le Principe responsabilité (en allemand Das Prinzip Verantwortung) est l'ouvrage le plus connu de Hans Jonas (1979). Notamment en Allemagne, il a connu une réception qui a dépassé le cercle philosophique et a même été cité au Bundestag allemand.

Dans ce livre, Hans Jonas part de la question « pourquoi l'humanité doit exister ? » L'existence de l'humanité dont l'impératif semble aller de soi, n'est plus du tout un fait assuré de nos jours. Au contraire, par son énorme pouvoir qu'il a avant tout grâce à la technique moderne, l'homme a désormais les capacités de s'autodétruire en peu de temps - c'est pourquoi il y a ici une nouvelle question qui doit entrer dans le domaine des considérations éthiques.

En se référant à sa philosophie de la biologie, Hans Jonas fonde l'impératif que l'homme doit exister, vu qu'il a, comme tout être vivant, une valeur absolue qui lui est inhérente et qu'il s'agit par conséquent de protéger quoi qu'il en coûte.

Dans la pratique, cela signifie que doit être interdite toute technologie qui comporte le risque - aussi improbable soit-il - de détruire l'humanité ou la valeur particulière en l'homme qui fait qu'il doit exister. Hans Jonas désigne cet impératif par la formule in dubio pro malo. Cela veut dire que s'il y a plusieurs conséquences possibles de l'emploi d'une technologie, il faut décider en fonction de l'hypothèse la plus pessimiste.

Fondamentalement, Hans Jonas pense qu'il faut refonder l'éthique ancestrale, basée sur l'homme vivant en « cités », citadelles autonomes où l'homme crée son monde et sa morale, sans toucher vraiment à l'être du monde (la nature versus la cité grecque). Cette morale ancienne était morale du présent et du rapport interpersonnel. Elle est dépassée.

L'emprise technico-scientifique change la donne: l'homme et ses cités, mondialisées aujourd'hui, dominent le monde (la nature) et la changent sans cesse vers on ne sait où. L'éthique doit donc abandonner le présent et l'interpersonnel et se projeter sur l'avenir et le collectif, en particulier sur l'avenir de l'humain, être qui, ontologiquement, selon Jonas, doit continuer à exister..

Hans Jonas a souvent été accusé d'être hostile à la technique et à son progrès. Il a cependant refusé ce reproche. Il a même vu une nécessité de faire progresser la technique afin de pouvoir trouver des remèdes aux dégâts déjà causés par elle. Mais ce à condition que la technique et la recherche soient pratiquées dans un cadre bien défini et sous des conditions bien contrôlées: qu'elle ne puisse nuire à la permanence ontologique de l'homme.



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