"Touche ton genou, qu'elle a dit alors. Je l'ai touché. - Qu'est-ce que tu sens ? - Mon genou. - C'est un os que tu as là. A l'intérieur de toi, il y a un squelette. Un vrai squelette, tu comprends ? Comme dans vos films imbéciles. Comme dans les cimetières. C'est le tien. C'est ton squelette à toi. Un jour, il n'aura plus de chair autour. Personne ne peut rien y changer. Et pendant qu'il est à l'intérieur il faut avoir pitié les uns des autres. Est-ce que tu comprends ? - Qu'est-ce qu'il y a de difficile à comprendre ? Le squelette est à l'intérieur, donc tout va bien. Elle a souri et a dit - Bravo ! D'ailleurs, ce n'est pas si terrible que ça de mourir..... "
C'est ainsi, dans la nouvelle intitulée "L'Age tendre", que la vieille Octobrine Mikhaïlovna, qui vit recluse dans son appartement, tente d'apprivoiser un jeune adolescent révolté et malheureux. On ne trouvera pas chez Andreï Guelassimov de ces grandes et généreuses phrases russes qui expliquent à l'envi ce que vous devez comprendre. Bien au contraire, il reste concis, allusif. Ce qui n'empêche pas le lecteur d'être plongé dans une histoire, une vraie. Dans la Russie soviétique et la Russie d'aujourd'hui. Où la vie est dure et âpre. Avec de belles âmes et de beaux salauds, sans qu'on sache toujours s'y retrouver.