Il y avait alors, à la tête d'un des nombreux couvents de la ville
épiscopale de Cambrai, un homme dont le renom de sainteté était
universel. Il s'appelait Jean, et était abbé de Cantimpré. On racontait
que de miraculeuses guérisons avaient été souvent accordées au mérite
de ses prières. Le comte de Flandre l'envoya chercher. Alors eut lieu
une scène touchante racontée par un chroniqueur contemporain, auteur
de la vie du bienheureux Thomas de Cantimpré, dont il était l'ami.
«Aussitôt que le serviteur de Dieu fut entré: «Mon Père, s'écria la
comtesse, ayez pitié de mes souffrances, et mettez-vous en prière
pour moi.» Touché de ses larmes, Jean se retira en sanglotant dans
l'oratoire, et levant les mains au ciel: «Seigneur, dit-il, vous qui,
pour châtier le péché de notre premier père, avez condamné la femme à
enfanter avec douleur, et l'homme, son complice, à gagner le pain de
chaque jour à la sueur de son front, exaucez nos prières, et faites que
cette femme, qui se confie en votre miséricorde et vous invoque par ma
voix, soit enfin délivrée des longues souffrances qu'elle endure, et
qu'elle mette au monde un enfant, pour le salut et le bonheur de la
patrie!»