Corine Pourtau - Absence
Apolline et son petit doigt noir de terre. Apolline pour qui les mots sont des têtards dans le bassin vert sombre du tableau. Apolline et son arbre aux oiseaux... Malika, dans sa robe de cérémonie, qui pousse devant elle, sur la mosaïque du hammam, des petits cailloux blancs... Jeanne aux yeux mauves... Jeanne qui ne sait pas dire : " C'est moi, l'enfant de Julia... " Et puis Béa qui s'en va ; la vieille dame et les cyprès qui ferment au nord l'enclos du cimetière ; le voiturier ; l'homme en costume trois pièces qui revient chaque jour au bout de la jetée ; elle, enfin, qui n'a pas de nom parce qu'on a oublié qu'elle fut un jour quelqu'un d'autre que la maman de Sixtine et des jumeaux... Huit figures de la fragilité et de l'absence dont la prose musicale de Corine Pourtau nous invite à écouter les voix singulières.