Lascaux et Manet datent de 1955, La littérature et le mal de 1957, année où Bataille atteint la cinquantaine et publie également Le bleu du ciel et L'érotisme.
Le moment est venu d'écouter à nouveau, cette fois d'un seul tenant, leur fugue aérée, de suivre les spirales de ces textes pensifs, pressants, légers. Rarement mots plus heureux auront été avancés plus discrètement, feutrés, joués en sourdine et comme de la main gauche : à pas de colombe. S'il y a un classicisme de Bataille, il est à coup sûr dans cette écriture qui se joue entre la poésie et la haine de la poésie, dans cette prose sans rien qui pèse et que l'on voit ici singulièrement mobilisée, atteignant en effet une motilité, une distraction attentive, par laquelle elle sait répondre à cette fête anti-architecturale, la peinture et ses radiations. Comme Bataille le fait à propos de la rencontre de Manet et de Mallarmé, il faut évoquer «la force légère du vol, la subtilité qui dissocie également les phrases et les formes».