Saigon, avril 1956 : la France quitte le sol vietnamien. Près d'un siècle après la conquête, au terme de dix années de guerre et de centaines de milliers de morts, la page de l'Extrême-Orient français se referme.
Au printemps 1940, l'effondrement de la France sonne le glas de l'Indochine française. L'intrusion japonaise et le réveil des nationalismes locaux bouleversent les rapports que la métropole entretient avec le Vietnam, le Laos et le Cambodge. Après 1945, cependant, les Français ne saisissent pas l'ampleur des changements survenus au cours du second conflit mondial chez les peuples colonisés. Au Vietnam, les revendications du Viêt-minh sont en totale opposition avec la politique menée depuis Paris. Fin 1946, la rupture est consommée : la guerre d'Indochine commence. Elle va durer neuf ans. Neuf ans de guerre sans front, et au cours desquels le corps expéditionnaire français ne parvient pas à vaincre un ennemi insaisissable mais omniprésent.
Face à la tactique de guérilla du Viêt-minh, notamment, le matériel moderne de l'armée française se révèle peu adapté. Embuscades et pièges démoralisent les soldats et le haut commandement perd progressivement l'initiative du combat. En mai 1954, la défaite de Diên Biên Phu porte le coup de grâce aux forces du corps expéditionnaire et accélère la fin des hostilités.
Les officiers français sortent profondément marqués de ce combat, meurtris par l'indifférence, le mépris et l'opprobre dont ils se sont sentis victimes de la part de la nation. Nombreux sont les cadres bien décidés à ne plus revivre l'humiliation de l'expérience indochinoise, alors qu'une nouvelle guerre les attend sur un autre théâtre d'opérations, en Algérie.