"Irène était un peu plus grande que Pénélope, et ses traits étaient plus hardis, presque grandeur nature. Ils faisaient penser aux petites bouteilles que l'on trouve dans ces étuis de cuir du XVIIIe siècle, moulés sur la forme du flacon qu'ils contenaient. Une petite bouteille, un peu plus simple, un peu plus grande que l'autre, faite de cuir au lieu de verre. De fait, il y avait une opacité chez Irène, une apparence de résistance qui faisait d'elle, alors qu'elle était moins incisive, la plus redoutable des deux, d'une certaine façon. Quant à Pénélope, plus petite, plus fragile, faite pour être cajolée et réconfortée, Irène la trouvait plus amusante qu'une poupée." Des odeurs, des voix d'une époque et d'un milieu bientôt englouti dans la fournaise de 1914. Tout baigne encore dans le luxe et l'insouciance de cette fin de siècle, où se côtoient et se déchirent, dans leurs salons littéraires et leurs châteaux, les membres très aristocratiques de vastes tribus familiales. Portrait complice, toujours impertinent, parfois cruel, de personnages attachants dont les ombres romantiques demeurent, avec grâce.