Vladimir Jankélévitch, "Un homme libre ? - L'immédiat - La tentation"
Frémeaux&Associés | 2015 | ASIN: B01CUWVMHU | French | MP3@192 kbps | 4 hrs 17 mins | 355 MB
Que reste-t-il d’un homme lorsqu’il n’est plus? S’il est philosophe, est-ce seulement une pensée qui demeure ou bien l’inspiration indéfinissable qui sous-tend cette pensée, en anime la trame! C’est le secret d’une œuvre qui en fait le charme, l’impact, non le mur inattaquable du raisonnement. L’écriture, elle-même, demeure la trace, la marque à jamais posée d’une voix évanouie. Mais ceux qui ont eu le privilège de voir Jankélévitch penser tout haut, ne pourront se défendre de l’imaginer en entendant sa voix. Il méditait à voix haute et déroulait pour nous quelques mythes porteurs d’éternité. Les extraits monologués que nous présentons aujourd’hui semblent avoir été surpris par hasard, au gré d’une conversation, par un instrument heureusement caché, saisissant, lors de ces soliloques inspirés, les moindres nuances d’intention. Tout à coup le cœur parle, le rythme est là qui attrape dans l’air cette chose en allée, subtile, sise à la frontière de la pensée et de la musique : la poésie des mots et des notes. Fraîcheur, enthousiasme, fluidité de la parole, sens du concret, sont les mots et expressions qui viennent à l’esprit en écoutant les cours et causeries de Jankélévitch.
Cette voix scintillante et aiguë nous est offerte en premier, à voix nue, nous permettra de l’entendre “en pointillé” évoquer les thèmes chers à son cœur, les trois autres nous le restituent dans l’exercice de sa fonction professorale. En effet les extraits de ses cours sur l’immédiat et la tentation nous offrent des moments précieux, amphi Guizot…On entendait une voix singulière. La drôle de voix prenait son élan, trébuchait puis repartait de plus belle vers son insaisissable objet. Quel était donc ce phénomène des ondes courtes?
Ici, Radio Sorbonne, vous venez d’entendre le cours public du professeur Jankélévitch… Seule la voix du professeur est présente. Les cours se déploient, tels quels, avec leurs silences, leur virtuosité, leur profondeur, leur magie, dès lors le plaisir d’entendre une pensée à l’œuvre, une réflexion en ébullition, d’entrevoir les successives “apparitions disparaissantes” nous redevient familière. Le rythme de sa respiration soutenait son propos, jusqu’au fugitif passage d’un sourire ou d’une larme. Sa voix, tantôt claire, tantôt altérée, tantôt railleuse, vibre infiniment dans le souvenir de ceux qui l’ont connu et parviendra, peut-être, au cœur des nouveaux venus. Françoise Schwab