Et si, las de votre vie, vous décidiez de prendre votre voiture et de rouler droit devant, jusqu'à vider votre réservoir d'essence. Dans quel Bazaar atterririez-vous ?
Dominique Chevallier travaille dans une agence de pub. Un soir, alors qu'il assiste à un ballet, il est bouleversé par la performance d'une danseuse ; sa grâce absolue, la perfection de son geste. Sa vie lui paraît soudain dénuée de sens. Alors, c'est décidé, il va partir. Partir avec, pour seule règle, celle de rouler droit devant, jusqu'à ce que son réservoir d'essence soit vide. Et peu importe où il atterrira. Il en est sûr, quelque chose l'attend.
Il prend la route et, au matin, c'est la panne sèche. Un désert brûlant s'étend sous ses yeux. Mais au loin, il aperçoit un grand pilier de béton sur lequel une lueur, un tremblement, quelques lettres, hésitent à s'écrire dans le soir. Un motel est planté là. Son nom ? Le Bazaar. C'est là qu'il pose ses valises. Peu à peu, il s'intègre dans le quotidien du lieu et de ses résidents. Il retrouve Stella, son ancienne amante, Théo, un étrange berger, Millie, une tatoueuse détonante. Le Bazaar est une poupée russe dans laquelle s'emboîtent des vies. Et, plus encore, toutes les vies qui auraient pu être la sienne. Dans lesquelles sommeillent les désirs enfouis, les amours perdues, les occasions manquées.
Ses images sont puissantes, hypnotiques. Son écriture, mature et maîtrisée. Dans ce premier roman, Julien Cabocel parvient à disséquer le désir, l'amour ; la vie elle-même. Il érige un monde de papier qui se déploie au fil des pages. Bazaar est un « Bagdad Café existentiel », qui n'est pas sans rappeler l'univers d'Arizona Dream d'Emir Kusturica. Et qui révèle les premiers pas d'un auteur prometteur.