À l'origine de ce roman, nous dit l'auteur, aucun projet défini, si ce n'est celui de voyager librement autour de Kyoto et d'écrire. Le « pèlerin retardataire » de Chant du Mont fou arpente les sites chantés dans les textes anciens et les décrit tels qu'ils sont aujourd'hui, perdus dans les banlieues pavillonnaires, défigurés par les travaux d'aménagement ou les usines. Tandis qu'il souligne ironiquement le tapage moderne qui recouvre les traces du passé, des poèmes anciens lui reviennent en mémoire, avec les descriptions des lieux qui les ont inspirés. Il se les récite et improvise. Parfois, c'est un chant folklorique qui lui répond, un récitatif de nô, ou le moine burlesque d'une épopée lointaine. Peu à peu, le récit de voyage et les souvenirs de jeunesse ou d'anciens amours se mêlent à un choeur de voix et d'hallucinations auditives qui redessinent le paysage : la montagne réapparaît, bruissante d'échos courant de vallées en vallées, même si la ville n'est jamais loin, où l'on redescendra bientôt, en train, en taxi ou en ambulance.