1967, Beit-haKerem, un quartier populaire de Jérusalem. L'Histoire et les canons de la guerre des Six Jours résonnent au loin mais Aharon Kleinfeld, cet adolescent qui vient de fêter sa bar mitzvah, ne peut plus les entendre. Il a déjà effectué ce repli sur lui-même qui le coupe du monde extérieur oppressant. Solitaire, introverti, ce second enfant d'une famille de réfugiés juive-polonaise refuse tout simplement de grandir. En marge des péripéties de l'Histoire, deux ans durant - de 1965 à 1967 -, entre sa douzième et sa quatorzième année, Aharon écoute, observe et se débat avec la réalité quotidienne de son environnement. Il n'y voit que laideur, violence, destruction, sexe et mort. Aharon a la nausée. Il se sent menacé par ce monde adulte qui le somme de perdre son innocence, par sa puberté, par les pulsions de sa sexualité juvénile si envahissante. Il voudrait tant rester pur et entier. Non, vraiment, Aharon ne peut vivre selon la « grammaire » que dictent aux hommes les choses de la vie. Réfugié dans sa « grammaire intérieure » qu'il forge pour vivre son histoire, son « présent continu », Aharon s'éloigne chaque jour une peu plus du monde.