Dans ses nouvelles, Vladimir Maramzine fait preuve d'une grande inventivité stylistique, marquée par l'ironie et l'absurde, dans la tradition de la littérature russe du XXe siècle (Zochtchenko, Platonov).
C'est un petit garçon qui s'offusque d'être jeté sans ménagement dans une rivière pour apprendre à nager ; c'est une journée dans la vie d'un frotteur de parquet ; ce sont des métiers disparus et des portraits mémorables, dressés à partir de détails surprenants (un vieillard heureux d'avoir gardé ses dents, qui ne cesse de clapper et de jouer de la bouche). Dans une prose piquante et parfois cruelle, Vladimir Maramzine fait revivre le monde de l'après-guerre en URSS.
Le plus long récit du recueil, Un tramway long comme la vie, se passe à Leningrad juste après la guerre. Le narrateur déroule l'histoire de sa vie, avec le tramway pour fil rouge. Par les fenêtres du wagon, c'est une ville exsangue que l'on découvre (les bâtiments détruits, les traces du blocus.), mais aussi des habitants qui cherchent à retrouver un quotidien normal.
C'est dans le tram que le narrateur rencontre des filles, s'essaie au difficile métier de pickpocket, échange des insultes, regarde les passagers lire ou manger.
Jour après jour, le tram devient pour lui un poste d'observation depuis lequel il voit l'URSS changer. jusqu'à son dernier souffle sur les rails.