Dans un abécédaire aussi corrosif que personnel, Pierre Jourde se dévoile autant qu'il pense son époque. Du rock aux enjeux majeurs de l'actualité, de la boxe à ses propres entrailles, l'auteur joue sans demi-mesure le « je » de l'abécédaire, voguant au fil des lettres comme au hasard de lui-même : Hammond, Critique, Liberté, Mastroianni, Kid Atlaas, Racisme, Quenouille, Style, Israël, Vialatte, notamment, ponctuent ce voyage inédit à travers l'écrivain. Trois grands thèmes toutefois nourrissent de manière quasi-organique chacune des portes vers lui-même : la Littérature, la Géographie et l'Histoire ; piliers obsessionnels et fondamentaux d'une intelligence singulière. « Depuis le début, je cours après l'instant parfait, celui que rien ne viendrait troubler. Le moindre défaut, je m'acharnerai à le faire disparaître, et si cela n'est pas possible, je m'acharnerai sur lui en pensée. »
Avec cet abécédaire, qui à chaque ligne pense, débat, se souvient, raconte et s'engage, Pierre Jourde compose un autoportrait solaire et ténébreux. Un autoportrait en clair-obscur. Et livre un texte hanté, par le passé, ses fantômes ; hanté par d'inépuisables obsessions. Des images qui apparaissent (O comme Onirisme), des sensations diffuses, dont l'expérience, dans des sphères parallèles, ajoute encore à la connaissance de soi. Pierre Jourde sacrifie donc à l'exercice dans les règles de l'art pour nous offrir un abécédaire-kaléidoscope aux infinies facettes et à la folle érudition. Une déambulation, à travers les lettres et la langue, profondément incarnée. Il livre, aux mains du lecteur, sa troublante vérité.