----- PRÉSENTATION -----
Guy Debord, né le 28 décembre 1931 à Paris et mort le 30 novembre 1994 à Bellevue-la-Montagne (Haute-Loire), est un écrivain, théoricien, cinéaste, poète1 et révolutionnaire français. Il se considère avant tout comme un stratège. C'est lui qui a conceptualisé la notion sociopolitique de « spectacle », développée dans son œuvre la plus connue, La Société du spectacle (1967). Debord a été l'un des fondateurs de l'Internationale lettriste de 1952 à 1957, puis de l'Internationale situationniste de 1957 à 1972, dont il a dirigé la revue française.
source : wikipedia
----- INTRODUCTION -----
Ces cinq enregistrements magnétiques réalisés par Guy Debord couvrent une période de neuf ans, qui s'étend des prémices de l'Internationale lettriste (1952-1957) à la fin de la première époque de l'Internationale situationniste (de 1957 à 1961), époque qui marque la recherche d'un terrain artistique véritablement nouveau à partir de la réunification de la création culturelle d'avant-garde et de la critique révolutionnaire de la société.
Le premier enregistrement, Les environs de Fresnes (1952-1953), se présente comme la « participation de Guy-Ernest Debord à une nouvelle culture radiophonique » ; un anti-manifeste de l'esthétique lettriste où, en avril 1952, Serge Berna et lui-même « se promènent parmi les débris de l'ancienne poésie, en détraquent les mécanismes pour qu'elle ne soit plus que les réponses ou les demandes également dénuées d'importance du dernier dialogue acceptable » - dans lequel on pourra entendre les poèmes de Guillaume-Henri Michinaire et Paul-Henri Michuard. En mars 1953, Guy Debord achèvera seul l'enregistrement de cette émission.
Dans la conférence Histoire de l'Internationale lettriste (1956), conçue comme la bande-son d'une manifestation en faveur de l'urbanisme unitaire, à Turin, on peut entendre l'ensemble des membres de l'Internationale lettriste ainsi qu'en toute fin le peintre danois Asger Jorn. Cette conférence retrace, à partir du bulletin Potlatch, l'aventure des lettristes internationaux depuis la projection, en 1952, du film de Gil J Wolman L'anti-concept, immédiatement interdit par la censure, au congrès d'Alba, qui jeta les bases du rassemblement de l'Internationale lettriste et du Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste en 1956. Cet accord débouchera sur la fondation de l'Internationale situationniste lors de la conférence de Cosio d'Arroscia le 28 juillet 1957.
Alors que le peintre et situationniste italien Giuseppe Pinot Gallizio invente en 1958 la « peinture industrielle » comme dépassement de la peinture de chevalet, Guy Debord invente comme mode d'intervention critique la « conférence industrielle » enregistrée au préalable sur magnétophone et diffusée en sa présence. Il saisit ainsi « la plus simple occasion de rompre avec les apparences de la pseudo-collaboration, du dialogue factice, qui se trouvent institués entre le conférencier "présent en personne" et ses spectateurs ». De là, il constate que « cette légère rupture d'un confort peut servir à entraîner d'emblée dans le champ de la mise en question de la vie quotidienne (mise en question autrement tout abstraite) la conférence elle-même », et qu'elle peut, lors de la diffusion de son intervention à la conférence-débat Le surréalisme est-il mort ou vivant ? en novembre 1958, déclencher les hurlements indignés de ses auditeurs surréalistes..
Message de l'Internationale situationniste (juin 1959), enregistré à trois voix, faisait partie des « conférences permanentes » qui devaient être diffusées dans le cadre de l'aménagement d'un labyrinthe au Stedelijk Museum d'Amsterdam, associé à plusieurs journées de dérives menées dans cette ville par des situationnistes.
En mai 1961, la dernière conférence préenregistrée (Perspectives de modifications conscientes dans la vie quotidienne) est diffusée devant des sociologues réunis au C.N.R.S. en un Groupe de recherche sur la vie quotidienne, sous la présidence du philosophe Henri Lefebvre. Guy Debord y qualifie la vie quotidienne de « secteur colonisé », et appelle en conclusion à « la transformation révolutionnaire de la vie quotidienne, qui n'est pas réservée à un vague avenir mais placée immédiatement devant nous par le développement du capitalisme et ses insupportables exigences, l'autre terme de l'alternative étant le renforcement de l'esclavage moderne ; cette transformation marquera la fin de toute expression artistique unilatérale et stockée sous forme de marchandise, en même temps que la fin de toute politique spécialisée. Ceci va être la tâche d'une organisation révolutionnaire d'un type nouveau, dès sa formation ».
Quelques mois plus tard, à partir des Thèses de Hambourg (« L'I.S. doit, maintenant, réaliser la philosophie », septembre 1961), Guy Debord et les situationnistes ouvriront la seconde époque de l'Internationale situationniste (de 1962 à 1972) en engageant, sur d'autres terrains et par d'autres moyens, l'opération qui a mené au mouvement de Mai 68, et à ses suites.
édition établie par par Jean-Louis Rançon
----- LISTE DES TITRES -----
#1 Les environs de Fresnes [24mn 39s]
#2 Histoire de l'Internationale lettriste [45mn 51s]
#3 Le surréalisme est-il mort ou vivant ? [7mn 6s]
#4 Message de l'Internationale situationniste [10mn 42s]
#5 Perspectives de modifications conscientes dans la vie quotidienne [37mn 21s]