« La Morénie du prince Albéric, dit « le mâle blanc », a été l'an dernier le théâtre d'événements abondamment repris par les journaux, radios et chaînes de télévision de ses voisins de l'Union européenne. Ils ont entrainé une réprobation très vive des commentateurs et une condamnation sans équivoque de la part de plusieurs gouvernements. Me trouvant sur place, j'ai pu constater une réalité bien différente de celle qui a été présentée. Il m'a semblé de mon devoir de dire ce que j'ai vu et appris en sept mois. »
Le margraviat de Morénie est une petite monarchie absolue située quelque part entre la France, l'Allemagne et la Belgique. Confits dans le flegme, l'amour de la discussion et une farouche indépendance, les Moréniens ont su se prémunir des guerres ravageuses du XXème siècle et préserver la douce quiétude anachronique de leur Etat. Mais tout bascule quand la douairière Irène se met en tête de marier son fils Albéric. Entre un prince insaisissable trop occupé à chasser et conter fleurette à la fille du pâtissier, une mère américaine et autoritaire, un conseiller débonnaire, un préfet bonapartiste, un métropolite ondoyant et un pamphlétaire impétueux qui n'a que le mot démocratie à la bouche, la Morénie est à l'aube d'une crise politique sans précédent : plus malin qu'il n'y paraît, le Prince Albéric se met en tête de faire diversion en donnant la parole au peuple par voie de référendum à répétition sur tous les sujets qui passent et qui fâchent. Avec le suffrage universel, Les Moréniens ont rendez-vous avec l'Histoire.
Dans cette fable savoureuse, Stéphane Denis s'en prend aux mœurs, à la morale et aux ridicules d'un petit pays ravagé par la tyrannie de tous les « politiquement correct » de notre époque : et si la Morénie était française ?