Au Mexique, en 1922, un Chinois anarchiste, un journaliste spécialisé dans les affaires criminelles, un avocat dont les meilleures clientes étaient des prostituées et un poète virtuose dans l'art du slogan publicitaire se retrouvaient au bar d'un hôtel pour jouer aux dominos. Paco Ignacio Taibo faisait son entrée dans le roman noir avec Ombre de l'ombre.
Voici de nouveau les mêmes personnages. Nous sommes en 1941. Le Chinois est en train de construire une route dans la jungle du Chiapas lorsqu'il tombe sur une vingtaine de nazis contre lesquels il part immédiatement en guerre ; tué par eux, il devient l'Iguane. Le journaliste est contacté par trois écrivains allemands et un rabbin ; ils lui expliquent que l'ascension de Hitler est le résultat d'une conspiration ésotérique. Le poète travaille comme agent secret pour le ministère de l'Intérieur et déjoue les projets des sympathisants pronazis du gouvernement. Quant à l'avocat, réfugié dans un asile, il convoque ses anciens amis à une partie de poker avec Hemingway.
Impossible de résumer une histoire où gravitent également Hitler (qui se pique à la caféine mexicaine), Otto Rahn, Hanussen, Graham Greene, Edgar Rice Burroughs, et que Taibo commente lui-même en ces termes : " Le roman n'est pas là pour mettre de l'ordre dans le chaos. Le roman se fout de l'ordre. Le roman n'est pas né pour plaire aux amoureux de l'ordre. Il est là pour distraire par le vertige, pour mettre le bordel, pour en jouir, pour le remuer. " On ne saurait mieux dire de ce livre foisonnant, placé sous la tutelle bienveillante d'Alexandre Dumas : les héros sont quatre, comme les trois mousquetaires, et leurs retrouvailles ont lieu vingt ans après.