" Il n'avait rien de spécial. Il était le visage dans la foule, le copain, le frère, le fils, il était ordinaire et sa capacité à la haine aveugle n'en semblait
que plus inquiétante. "
Il y a quelques mois, Alex et Marco résolvaient une affaire qui sonnait comme une première dans leurs carrières de flics respectives :
malmenant les statistiques, plusieurs cas de viols d'hommes avaient monopolisé la Brigade pour une année de fausses pistes. Les coupables,
des femmes, s'étaient organisées en meute, perpétrant leurs actes ensemble ou séparément et dans l'obscurité, massacrant les hommes
comme ils les avaient massacrées. La loi du Talion. Voilà à quoi la BCDS avait dû faire face.
Cette nouvelle aventure au sein de la Brigade des crimes et délits sexuels s'ouvre sur un procès. Celui de deux étudiants propres sur eux jugés
pour avoir violé l'une de leurs camarades d'école. La jeune femme, plusieurs années après les faits, a tout d'un fantôme. Quant au juge, il
semblerait qu'il faille le convaincre. Ce sur quoi on tergiverse trois ans après la nuit tragique, c'est sur la question du consentement. En cause :
l'alcool, le comportement probable de la victime, invérifiable. Un classique pour Alex. Toutes ces affaires n'aboutissent que dans de rares cas.
Ce qui ne change pas non plus, c'est l'histoire qu'elle vit avec Marco. Il n'y a pas que les statistiques qui obsèdent cette mère célibataire qui
s'est promis d'arrêter la bière : Alex est la reine du cloisonnement. Hors de question de présenter son nouveau compagnon à sa fille, et encore
moins d'annoncer la nouvelle à la brigade. Alors ils font comme ils peuvent dans le pire des contextes possibles, voient défiler les cas
d'exhibitionnisme, de viols en réunion, de violences conjugales... Et toujours, ces hommes qui se servent sans demander la permission.
Depuis peu, un nouveau cas les préoccupe, celui de trois blogueuses à qui on a proféré en ligne des menaces de viol et de meurtre, toujours via
le même forum, celui de Gaming, et sans que jamais un modérateur soit intervenu. Derrière tout ça, il n'y a pas que des hommes, il y a un
groupe, des parts de marché, une réussite florissante. Derrière tout ça, il y a une société qui consent à ce que ses femmes encaissent le pire
sans faire de vagues.
Alex avait coupé les ponts avec Chloé, juge et partie prenante dans l'affaire des " ravagées ". Les circonstances vont les rapprocher. Et l'affaire
sera délicate, d'une violence d'autant plus grande qu'elle implique des individus sans signe distinctif, des hommes-anguilles, impossibles à
traquer.