Constantin :
Constantin fait incontestablement partie de ces chefs d'État qui ont fait l'Histoire. Bien au-delà de l'Empire romain, il a, durant les trente ans de son règne, marqué l'Occident tout entier.
Car sans lui, parlerait-on des « racines chrétiennes de l'Europe » comme d'une sorte d'évidence ? C'est à cet homme de pouvoir, aussi inspiré que controversé, qu'on doit des rapports inédits entre le politique et le religieux, et le glissement du pouvoir impérial traditionnel vers des formes à la fois solides et vulnérables, mais, dans tous les cas, durables.
Réformateur, guerrier, législateur et bâtisseur - il fonde une seconde Rome, Constantinople -, le premier empereur romain chrétien n'est pas la figure révolutionnaire ou ambiguë que l'on a pu dépeindre :
son action novatrice se conjugue intimement avec la tradition augustéenne dans laquelle s'ancrent ses lois et l'exercice de son pouvoir, en Occident comme en Orient.
À travers légende noire et légende dorée, ce livre s'attache à révéler un homme en quête d'une nouvelle forme de romanité sous le signe de l'unité, de la paix et de la foi.
Bertrand Lançon se consacre aux aspects culturels et religieux de l'Antiquité tardive. Il a publié, entre autres, Le monde romain tardif et Rome dans l'Antiquité tardive.
Tiphaine Moreau étudie le IVe siècle. Elle est l'auteur de Cents fiches d'Histoire romaine et, avec Bertrand Lançon, des Premiers chrétiens.
Théodose :
Théodose, qui régna de 379 à 395, présente la particularité d'être le premier empereur romain baptisé dans le catholicisme. La postérité a surtout retenu de lui qu'il prohiba le paganisme et les hérésies, instaura le christianisme catholique comme seule religion autorisée (avec le judaïsme), et fit pénitence en 390 devant Ambroise, l'évêque de
Milan, à cause d'un massacre qu'il avait laissé se perpétrer à Thessalonique.
La réalité est plus nuancée : ses édits ne mirent fin ni au paganisme ni aux courants hétérodoxes du christianisme ; il ne soumit pas l'autorité impériale à l'autorité ecclésiastique, mais là oùses prédécesseurs régnaient sans partage, il donna son accord à une dévolution des pouvoirs politiques et religieux entre l'empereur et les évêques. Pragmatique, il a ouvert une double voie qui ne fut guère suivie : celle d'un renforcement du pouvoir par l'humilité et d'un retrait des pouvoirs religieux préfigurant une forme archétypale de concordat. Cela lors d'un âge d'or culturel et avec une puissance militaire qui façonnèrent une " Renaissance théodosienne ", à mille lieues d'un supposé déclin de l'Empire romain.