Bien vivre sa maison ancienne. L'humidité est, de loin, le problème le plus évoqué par les propriétaires et usagers de maisons anciennes, qu'ils en subissent directement les effets ou craignent d'en être un jour les victimes, tant est récurrent le thème : qui dit ancien dit humide. Certes, l'humidité n'est pas absente des vieilles maisons, rurales notamment, mais, d'une part, ses effets ne sont pas toujours aussi catastrophiques qu'on l'imagine, et, d'autre part, plus que la maison elle-même, ce sont des facteurs d'usage (de mauvais usage !) ou un manque d'attention qui la provoquent. Car les maisons anciennes ont leur logique qui n'est pas celle des maisons neuves et l'on ne peut appliquer aux premières des modalités qui sont propres à l'habitat récent. En effet, il est impossible d'imaginer rendre totalement étanche à l'eau une maison édifiée avec des matériaux naturels (terre, bois, pierre), selon des techniques traditionnelles conçues pour empêcher l'humidité non d'y entrer, mais d'y rester. Sauf à vivre dans un caisson hermétique sans relation avec l'extérieur, on aura toujours à gérer le rapport de la maison avec son environnement : l'eau du ciel, l'eau du sol superficiel, l'eau du sol profond, l'eau des circulations intérieures liées au confort moderne. Sans compter l'eau produite, sous forme de vapeur, par la respiration des habitants de la maison et par leurs activités domestiques. Le problème est de permettre à l'eau de ressortir le plus rapidement possible pour éviter que sa stagnation n'altère la qualité de vie dans la maison ou ne mette en danger la structure. Cette gestion de l'eau (des eaux devrait-on dire) s'appuie sur deux attitudes complémentaires : surveillance de la maison pour en déterminer les désordres éventuels, et usage raisonné des lieux. Paradoxalement, ce qui devrait être une démarche d'évidence ne l'est pas toujours car les a priori concernant les valeurs et les défauts du bâti ancien sont grands et on a, par ailleurs, souvent tendance à charger d'autres que soi-même de la responsabilité des catastrophes qui peuvent y survenir. Bien vivre dans une maison ancienne, c'est être conscient que l'on ne peut pas faire n'importe quoi n'importe où, qu'une maison est un corps sensible, qu'elle ne peut accepter plus que le raisonnable. Ce qui veut dire que lorsqu'elle sera gorgée d'une humidité qu'elle ne pourra chasser, elle le fera savoir par tous les moyens dont elle dispose : odeurs, taches, moisissures, décollements des papiers peints et des enduits. Connaître les principes fondamentaux qui régissent un bâtiment ancien, reconnaître les manifestations de l'humidité avant qu'il ne soit trop tard, remonter à la source du problème et en dégager une stratégie d'intervention pour solutionner le problème et éviter qu'il ne se reproduise, tels sont les stades incontournables de la démarche que tout propriétaire de maison ancienne devrait faire sienne. Mais aussi savoir résister aux sirènes des vendeurs de produits miracle, qui, la plupart du temps, maquillent les manifestations de l'humidité sans en traiter la cause. C'est donc à un véritable art de vivre que ce guide vous convie, un art qui consiste à faire de la maison votre complice et non votre ennemie : aimez votre maison ancienne, elle vous le rendra !