
"Mes visiteurs, spectres joyeux, ont trouvé leur place, cachés dans les coulisses d'où ils sortent sans prévenir. Je les attends, spectateur de leurs comédies et de leurs drames, metteur en scène à mon insu puisque je recrée les mots qu'ils me disent, les situations qu'ils me jouent. Grâce à eux, jamais je ne m'ennuie. Si l'envie les prenait de me quitter, je serais aussi découragé que celui qui voit sa maison brûler. Loin de la foule, ils forment un opéra fabuleux de quatre sous : chacun y chante à son tour sa partition. J'écoute."
Christian Giudicelli achève par ce volume sa trilogie personnelle, débutée avec "Les Passants" et "La planète Nemausa". Rencontres d'un jour ou d'une nuit, d'une vie quand il s'agit du compagnon d'exception Claude Verdier, les observations qu'en donne Christian Giudicelli sont toujours justes et pénétrantes, l'approche est tendre, l'intention amusée, le fond grave.
En littérature, sa préférence va aux écrivains ignorés des manuels. En musique, l'exercice d'admiration est réservé à Ravel, Stravinski, Messiaen. Dans la cinémathèque intime, on retient les noms de Murnau, Eisenstein, Keaton, Fellini, Pasolini.
Ces portraits nourris de fines notations et d'anecdotes colorées ne sont pas exempts de nostalgie et l'auteur de citer Oscar Wilde: "Ce qu'il y a de terrible dans le fait de vieillir, ce n'est pas d'être vieux, c'est de rester jeune".