« Ce qui fait notre vie? Les bains, le vin, les femmes », fut-il écrit sur le marbre d'un tombeau. Plaisirs et volupté! Nous sommes loin de l'image
sévère dont pâtissent trop souvent les Romains, cantonnés dans un rôle de légionnaire endurci ou de politicien phraseur. Si les débuts furent
austères et difficiles, avec la conquête du monde, ils ont rapidement affirmé leur détermination à profiter de la vie.
Sénèque, en professeur de morale qui connaît bien l'âme de ses contemporains, ne s'y trompe pas quand il fustige leur appétit de jouissance: il
leur prête une philosophie assez éloignée de ses préceptes rigoureux: « l'unique félicité, c'est de faire fête à la vie manger, boire, jouir de son
bien, cela c'est vivre, c'est ne pas oublier que l'on est mortel. Les jours s'écoulent, la vie achève son cours irretrouvable. Et nous hésitons? Que
sert d'être sage puisque notre âge ne sera pas toujours apte aux plaisirs... Tu n'as point de maîtresse, point de mignon pour rendre jalouse ta
maîtresse tous les matins tu sors le gosier sec... Ce n'est pas là vivre, c'est regarder vivre l'autre. Quelle folie de se constituer l'intendant de son
héritier! » (Lettres à Lucilius, 123, 10).
N'en doutons pas, le Romain sut goûter les plaisirs.