Sur les bords de la Tamise où il est venu installer ses dernières sculptures, de grandes figures de bronze disposées près du fleuve, un homme
écoute la Vallée d'Obermann de Liszt et se souvient. Il vient de perdre sa sœur aînée, la pianiste Anna Horberer, et il revoit sa vie, dans la
presqu'île de Crozon, sur la côte normande, au Havre et à Paris, dans l'ombre de cette femme brillante, très tôt éprise de piano, folle de Liszt et
habitée avant tout par sa vocation d'artiste. Il revoit les lieux d'enfance et retrace l'itinéraire de sa sœur,
crainte et admirée, une sœur qui savait capter les regards, les affections et qui lui a tout pris, jusqu'à son meilleur ami Stéphane.
Une époque renaît, celle des années 80-90, une vie aussi, avec ses passions, ses tensions, ses désirs cachés, ses voyages, une existence
placée sous le signe de la musique et de l'art. Anna Horberer était une immense interprète, reconnue et adulée, mais c'était avant tout une
femme, sensible, aimante, sans cesse entourée de disciples et d'amis, de protecteurs aussi. Avec émotion, le frère inconsolable brosse le
portrait de cette sœur lointaine et si proche, de ceux qui l'accompagnent, Stéphane, son fils Simon, Mikaël le mécène toujours présent. On entre
dans l'intimité d'une artiste, d'une épouse et d'une mère, au cœur des souvenirs et des sons, des épreuves et des doutes, on entend la pulsation
des années, la rage de jouer et de vaincre : un lien mystérieux, inaltérable, affleure, porté par l'amour de la musique, le sacerdoce qu'elle exige,
la passion des êtres, des villes et des paysages des bords de mer.