Il a connu tout ce qu'un fils d'immigrés, noir, pauvre, élevé par une mère seule avec six frères et soeurs, peut connaître de la délinquance des cités : vols et trafics en tous genres, argent facile, frime et rapports de force, sans oublier les proches tués par balles, morts d'overdose, ou qui ont sombré dans le fanatisme. Converti à l'islam - ou plutôt à cet islam obscurantiste qui sévit dans certaines banlieues -, il a parcouru les routes de France pour prêcher dans des mosquées de fortune. Abd al Malik avait tout pour entrer dans l'univers de « la haine ».
Pourtant, la bénédiction qu'il appelle aujourd'hui sur son pays d'accueil embrasse dans une même sincérité juifs, chrétiens ou laïcs, sans oublier toutes les femmes. Car Abd al Malik a trouvé sa voie dans le soufisme, islam lumineux centré sur l'amour universel, qui l'a réconcilié avec l'esprit de la citoyenneté. Le succès de son nouvel album, Gibraltar, a fait découvrir à un large public son verbe, son coeur et son intelligence profonde de l'humain.