En ce mois d'août 440, Galla Placidia, fille, sœur et mère d'empereurs romains, ne craignait pas la mort. Entourée de sa garde personnelle, elle parcourt la voie pavée qui traversait la ville de Ravenne. Les peuples barbares déferlaient, depuis des décennies, par vagues successives surgies des forêts obscures d'au-delà du Rhin ou du Danube. Les légions romaines tentaient de les contenir, de les refouler, et dressaient un mur derrière lequel la civilisation romaine se déployait. Quand la civilisation occidentale affronte une crise profonde, elle essaie d'en décrypter les signes, d'en comprendre les causes, et de concevoir les moyens d'y faire face. C'est alors que, dans la recherche de ce qui « nous arrive », on interroge le « miroir romain ». Galla, durant toute son enfance, avait été persuadée que Rome était le cœur immortel du plus grand empire du monde, des brumes de l'Angleterre aux fleuves de Mésopotamie, du Rhin jusqu'au Nil. l'aube de ses 50 ans, Galla Placidia ne craignait pas sa mort. Elle redoutait celle de l'empire romain d'Occident. Nous, lointains héritiers de Rome, marchons-nous, comme elle autrefois, vers notre mort ?