C'est une immense parabole que I.B. Singer nous donne avec ce nouveau roman, une parabole qu'il faut lire comme une belle et terrible histoire - tout en sachant décrypter un message entre les lignes.

Elle est terrible, en effet, la vie de Cybula, ce chef de tribu, homme des cavernes, vêtu de peaux de bêtes, qui chasse et pêche pour assurer sa subsistance quotidienne et celle des siens, ce qui n'est pas sans éveiller en nous les échos d'une autre vie la nôtre ou presque. Cybula, en effet, ne connaîtra pas longtemps la paix. A l'écart du monde et de ses redoutables progrès, il sera vite rattrapé, dépassé, submergé par la cupidité, l'envie, la rage de posséder toujours plus grande des peuplades qui l'entourent. Et ce que Singer va nous décrire, sans rien nous épargner, c'est le fascisme, le communisme, le racisme, le totalitarisme, tous ces « ismes » redoutables qu'il a détestés sa vie durant et qu'il dénonce ici dans une sorte d'ultime cri de désespoir.

Cybula va essayer de s'adapter au monde nouveau qui surgit autour de lui, il ira même à sa rencontre, mais il se heurtera partout à son pire ennemi, et le nôtre : l'homme, ce loup d'entre les loups. Comme toujours chez Singer, l'amour est présent presque à chaque page, qui rachète un peu la cruauté du monde, mais c'est un amour désespéré, désespérant, qui aboutira à un meurtre et à un double suicide.