Nietzsche, le penseur "intempestif", aura sans doute été le critique le plus pénétrant des idées "modernes" qui sont encore les nôtres. D'où tout l'intérêt du présent ouvrage, qui propose une exploration fondamentale d'une œuvre de rencontre obligée pour tout étudiant en philosophie, mais dont l'abondance et le caractère orienté des commentaires qui lui ont été consacrés, si remarquables que certains aient pu être, a quelque peu compliqué l'accès.
Quatre grandes perspectives au développement convergent sont ici dégagées :
* la découverte de Dionysos, qui se poursuit de La Naissance de la tragédie (1872) jusqu'aux Dithyrambes de Dionysos (1889) : Dionysos et Apollon, Dionysos et Socrate, Dionysos et le Crucifié
* La mise en œuvre de la critique généalogique, méthode d'une psychologie renouvelée par la physiologie, d'une philosophie de l'évaluation, aboutissant à un antichristianisme radical
* Une anthropologie en quête des types humains les plus hauts, du dernier homme au surhomme, en passant par les hommes supérieurs, les créateurs rencontrés par Zarathoustra
* Enfin la volonté de vérité, portée à sa plus haute intensité, à son "midi", s'arrache à elle-même les masques de l'historicisme, de l'objectivité positiviste, de la métaphysique de l'Être ; mais qui peut vraiment penser, supporter la pensée ultime de l'éternel retour ?
La pensée de Nietzsche n'est pas celle de la fin de la philosophie ; ses interrogations sont toujours à reprendre ; sa provocation est toujours à repenser : une pensée "pour tous et pour personne", c'est-à-dire pour ceux qui se reconnaissent comme esprits libres.