Partout sur la planète, on vante les charmes de Paris. Mais le Parisien a mauvaise réputation. L'homo parisianus , assurent ses visiteurs, est arrogant et hargneux, à l'instar des garçons de café et des chauffeurs de taxi. Jusqu'au concierge du Ritz qui semblait prendre de haut ceux qui ont eu la chance de pouvoir le fréquenter. En France même, le qualificatif de Parisien devient facilement une injure dès que l'on franchit le périphérique. À Marseille, c est la suprême insulte. Dans les campings de Palavas-les-Flots, il désigne le vantard qui prétend être copain de bistrot de telle ou telle célébrité. Voilà pourquoi même celui qui a toujours vécu intra-muros ne pourra s'empêcher, tout en se félicitant d'être un vrai Parisien, de renier régulièrement son appartenance à ce microcosme honni. Il invoquera volontiers ses racines provinciales, gage d'authenticité... Il n'est pas si étonnant que le Parisien suscite autant d'animosité. Il vit dans un minuscule îlot où se concentre l'essentiel des pouvoirs. Il a à sa disposition la plus fabuleuse concentration de musées au monde, les universités et les écoles les plus prestigieuses, d'innombrables salles de spectacle. Et autour de lui la capitale historique des libertins. Vu le prix de l'immobilier, on le soupçonne vite d'être un nanti. Il cumule tant de vrais ou faux privilèges qu'on est vite porté à lui attribuer tous les défauts. Mais qui sont-ils vraiment, ces Parisiens dont on parle tant ? Louis-Bernard Robitaille, correspondant à Paris d'un grand quotidien nord-américain, les a observés pendant près de quatre décennies. Il a croisé beaucoup d'artistes, d'écrivains, de personnalités politiques, parfois des sportifs, jadis ces inimitables concierges hélas disparues, bien sûr une multitude de serveurs et autres coursiers. Mais aussi toutes sortes de Parisiens moins emblématiques et pas moins dignes d'être croqués. Sans compter tous les fantômes si présents des puissants ou des hommes du monde des arts et lettres qui ont marqué autrefois l'histoire et la vie culturelle de la capitale. Le portrait du Parisien et de sa ville qu il nous propose en une vingtaine de chapitres est savoureux, à l'occasion même savant, souvent très drôle et, bien sûr, jamais exempt de mauvais esprit. Comme en témoigne le titre de l'ouvrage.